Amazon, paie au moins les salaires de tes livreurs

Le minimum que l’on puisse faire, en tant qu’élu⋅es de la République, en tant qu’élu⋅es locaux de QBO, quand on a légitimé l’installation d’Amazon au nom de la création d’emplois, c’est de veiller à ce que les salaires soient honorés par la multinationale et sa chaîne de sous-traitance. Sinon ce n’est plus de l’emploi qu’Amazon crée mais de esclavage. Madame Assih, Monsieur Ferec, Monsieur Herry, soutenez la revendication légitime des livreurs ! Nous attendons votre prise de position publique à ce sujet.

Pour souligner cette situation ubuesque, une banderole géante été été déployée ce mardi 9 mai 2023 sur le Théâtre de Cornouaille à Quimper, au moment du spectacle d’Alain Damasio, qui a fait référence dans son spectacle à ce qui se passait dehors. La banderole restera accrochée à la façade du bâtiment jusqu’au lendemain.

Nous proposons à chaque personne solidaire des chauffeurs-livreurs d’Amazon qui sont mis dans des situations financières et professionnelles très délicates de contribuer à une caisse de solidarité pour leur apporter un soutien financier leur permettant de traverser la situation actuelle de flottement complète, sans revenus.

Voici le texte lu hier sur le parvis, pour expliquer cette action :

Pourquoi sommes-nous ici ce soir ?
Quels liens entre Amazon, Macron, les élu-es et le Théâtre de Cornouaille ?

Tout d’abord, rappelons que la première cible d’Amazon a été la culture, et notamment le livre puisque, à son origine, Amazon était une librairie en ligne.

Depuis, l’empire s’est largement ouvert et s’impose désormais dans l’industrie du film, des séries, de la musique, des jeux vidéo et peut-être un jour du théâtre virtuel… jusqu’à obtenir un dangereux monopole dans le monde de la culture. Avec Prime, ou Premium, il s’agit d’hameçonner le client avec un produit culturel puis de nourrir sa tendance addictive pour l’enfermer, avec d’autres produits, dans un consumérisme effréné.

Alain Damasio, qui présentera dans quelques minutes un spectacle sur le plateau de ce théâtre, dénonce un monde livré à la marchandisation universelle et au capitalisme intégral que seuls des Furtifs sont encore capables de mettre en échec.

Ce soir, nous sommes des Furtifs qui agissons à visage découvert, sans violence, sans dégradation, non seulement dans le respect total du travail des artistes mais avec une détermination égale à la leur : nous sommes là aussi pour dessiller les yeux qui resteraient fermés à cette évidence !

Alors que nous défilions pour défendre un modèle social protecteur des travailleurses et du vivant, Macron décorait Jeff Bezos de la Légion d’Honneur. Alors qu’il imposait une législation permettant aux entrepôts de e-commerce de ne pas être soumis aux mêmes taxes que les supermarchés classiques, les élus de QBO (Ferec le Maire de Briec, Assih la Maire de Quimper et Présidente de QBO, et Jolivet qui la précédait) validaient l’implantation à Briec d’un tel entrepôt. Et nos alertes précédant l’installation d’Amazon se révèlent aujourd’hui au grand jour, dans sa triste réalité.

À l’image des calamités écologiques, sociales, culturelles planétaires dont Amazon est la cause, ici, localement, en Cornouaille, l’entreprise multinationale montre son vrai visage…

Alors que l’entreprise faisait miroiter des emplois pérennes à haute qualité sociale, c’est le règne de la sous-traitance et de la précarité qui se dévoile aujourd’hui sous nos yeux.

Voici les faits :

Début avril, 37 livreurs recevaient un SMS leur annonçant la rupture du contrat liant Amazon à la société prestataire NGS express qui les employait. Ils décident alors de bloquer la plateforme et rendent ainsi visibles leurs conditions de travail dégradantes : contrats non respectés, salaires aléatoires, véhicules de services endommagés, non conformes, restriction de leur accès aux commodités du site, aux toilettes, et enfin désactivation de leurs badges d’entrée sur le site pendant la période de liquidation de NGS express.

Privés de travail, de salaire, avec des arriérés de plusieurs semaines, ils ont reçu le soutien de syndicats et du collectif Stop Amazon Briec. Ils ont également été auditionnés par l’inspection du travail qui, nous l’espérons, produira un rapport circonstancié sur les liens ambigus entre NGS Express et Amazon. Des liens que nous assimilons à un « contrat de louage », comme un retour en arrière de 2 siècles pour tenter d’effacer conquêtes sociales et code du travail.

Depuis, NGS express a été liquidé, les livreurs licenciés. La bataille juridique se poursuit car sur plusieurs autres sites Amazon, en France, des chauffeurs sont ainsi méprisés, considérés comme de simples outils productifs et jetables.

En tant que citoyennes et citoyens d’une République qui devrait être démocratique et sociale, nous affirmons aujourd’hui avec vous notre attachement à l’idéal démocratique de liberté, d’égalité, de fraternité sur tous les territoires, c’est l’essence même de notre culture. Comme nous l’avons affirmé pendant ces dernières semaines, lors des grandes mobilisations contre la réforme des retraites, nous voulons préserver nos conquis sociaux et le futur de notre jeunesse, nous refusons l’exploitation du temps, de la vie des femmes et des hommes, et du vivant.

Avant que vous ne partiez ou avant que vous n’entriez dans ce théâtre pour assister au prochain spectacle, nous vous invitons, si vous le pouvez, à participer à une caisse de solidarité en soutien aux camionneurs licenciés. Ils ont dû faire face à plusieurs semaines sans salaire, il s’agit de leur permettre d’avancer les frais d’avocats qui vont les défendre.

Merci à vous, merci pour elles et eux ! Et continuons d’aller voir des spectacles de qualité comme ceux de ce soir pour promouvoir l’idée que ni la culture en particulier, ni le monde en général ne sont de vulgaires marchandises.

Et que face au capitalisme intégral, il n’y a pas d’autre alternative que le combat actif.

Collectif Stop Amazon Briec // contact@stopamazon.bzh
Collectif Nuage Rouge // collectif_nuage_rouge@proton.me

Amazon ouvre ses grilles pour le « Black future »

Amazon s’est donc imposé en Bretagne, région qu’on aurait pu croire plus rétive à cette colonisation, comme il s’est imposé en France, pays très hospitalier à la firme américaine. Colonisation, parce que ce n’est pas une entreprise ordinaire que les élus ont autorisée à s’installer sur notre sol. L’entreprise Amazon est le support d’un projet de société totalitaire qui vise à régir tous les domaines de nos vies. Projet destructeur d’emplois, de droits sociaux, de vie privée, dévoreur de terres, destructeur de paysages et accélérateur du dérèglement climatique. Dévoreur d’avenir.

Elus, maires successifs de Quimper et de Briec, et autres présidents de QBO, quoi qu’ils en disent, sont responsables de cette implantation. Responsables politiquement et moralement de cette perte de souveraineté et de dignité républicaines. Nous n’oublierons jamais qu’ils ont refusé un débat démocratique avec la population et le monde du travail sur les enjeux d’intérêt général mis en cause par cette installation. Face aux dégâts humains, sociaux et écologiques que cette entreprise cannibale ne cesse d’engendrer, tôt ou tard ils auront à rendre des comptes de leurs décisions, de la légèreté et de l’opacité avec lesquelles ils les ont prises.

Quant au verdissement très pâle dont se targue la communication d’Amazon, il ne dupe que ceux qui veulent être dupés. Sept hectares artificialisés restent sept hectares perdus pour le vivant.

Il y aura d’autres inquiétudes. L’ouverture dans quelques jours de cette plateforme va accroître et perturber la circulation sur un réseau déjà saturé et qui n’a pas été préparé à cet afflux, auquel s’ajoutera celui de la Sodise. Cela va immanquablement générer des nuisances.

D’ores et déjà nous tenons à assurer les futurs travailleuses et travailleurs de cette plateforme de notre soutien et de notre aide dans l’établissement et la protection de leurs droits. D’ores et déjà, nous affirmons que ne seront pas premiers responsables d’éventuels accidents les chauffeurs-livreurs soumis par la firme Amazon à une pression et à des rythmes intenables – la livraison est en effet reconnue comme très accidentogène.

Notre soutien va également aux riverains qui vont voir s’ajouter à la série des nuisances de la ZI celle de la lumière puissante et constante de l’entrepôt et celle du bruit de la circulation nocturne.

L’intense gaspillage consumériste et énergétique encouragé par la plateforme s’ajoute à la liste de ce qui ne doit plus se concevoir dans la perspective désormais très sensible et très concrète du dérèglement climatique et de l’effondrement des écosystèmes.

Entre Amazon et une Bretagne vivante, humaine et démocratique, il faut choisir. Nous avons choisi.

Le combat ne cesse pas.