Amazon ne licencie pas, Amazon désactive les travailleurs et travailleuses

Solidarité avec les chauffeurs-livreurs

Le blocage par les chauffeurs-livreurs de la plateforme Amazon à Briec rend on ne peut plus visibles les conditions de travail dégradantes réservées aux coursiers. Comme à son habitude, Amazon externalise l’emploi à des prestataires (entre autres NGS express) qui ne respectent pas leurs obligations d’employeurs : payer un salaire avec exactitude, rédiger des contrats précis et fermes, respecter ces contrats ; ou encore mettre à disposition des véhicules en règle, avec carte grise, et vignettes d’assurance. AMAZON, employeur de fait, rompant avec NGS, s’est contenté ensuite de désactiver le badge des chauffeurs-livreurs, leur interdisant ainsi l’accès à la plateforme. Amazon s’est retranché comme d’habitude derrière le sous-traitant pour s’exonérer de toute responsabilité. Méthode commode.

En procédant ainsi, Amazon restaure le vieux « contrat de louage » dans un grand bond en arrière de deux siècles et tente d’effacer l’histoire sociale de notre pays qui a mis en place le code du travail. Ce même code du travail qui par ailleurs et fort heureusement donne du fil à retordre à Amazon dans son projet de licencier massivement son personnel en Europe, comme cela a pu se faire aux USA.

Voilà l’avenir du travail que met en oeuvre Amazon : une uberisation. Voilà ce retour à un temps d’avant les conquis sociaux et les droits, au terme duquel on voudrait nous faire oublier que nous sommes des citoyennes et citoyens d’une République démocratique et sociale, d’un Etat de droit, où les droits sont respectés.

Que pensent donc de tout cela les élus locaux, eux qu’on n’a pas vus sur le site venir écouter les coursiers en lutte ?

Qu’en pensent-ils, eux qui ont soutenu et porté obstinément, sourds à nos alertes, ce projet d’un entrepôt Amazon, « créateur d’emplois » et source « d’attractivité » ?

Il ne peut y avoir aucun progrès démocratique là où on méprise les travailleurs et travailleuses. On ne saurait composer avec ceux qui exploitent le temps et la vie des femmes et des hommes qu’ils se soumettent.

Les élus locaux de Quimper et Briec promoteurs de l’implantation d’Amazon dans le territoire, portent la responsabilité de ce qui est une négation de notre idéal démocratique de liberté, d’égalité et de fraternité.

Les livreurs non payés bloquent leur outil de travail, rejoignons-les !

En février 2023 Amazon Briec ouvrait aux journalistes les portes de son monde merveilleux où tous les travailleurs sont heureux. Un tableau exemplaire pour la presse et un évènement gratifiant pour les élus de QBO, fiers d’avoir participé à la création de ces emplois si indispensables à notre territoire toujours en recherche d’attractivité….

La réalité se révèle aujourd’hui : 37 livreurs en attente de leur salaire de mars retenus par la société prestataire NGS dont le contrat commercial avec Amazon vient d’être rompu par cette dernière. En réponse, indifférence et mépris des dirigeants de la firme « ce n’est pas notre affaire » « allez vous inscrire chez d’autres prestataires… »

Aucune surprise du côté de notre collectif « Stop Amazon » qui n’a cessé de relever des faits connus ailleurs, sur les méthodes de l’entreprise qui considère les travailleurses comme un simple maillon de la chaîne, productif et jetable, au service des bénéfices et autre légion d’honneur….

Alors que les ventes nettes du groupe ont augmenté de 9 % au dernier trimestre 2022 par rapport au 4e trimestre 2021, que le chiffre d’affaires en 2022 s’élevait à 514 milliards de dollars (contre 469,8 milliards en 2021), Amazon licenciait 18000 salariés au niveau mondial car il faut « réduire les coûts » «Nous sommes encouragés par les progrès que nous faisons en termes de réductions des coûts», avait déclaré Andy Jassy, le patron d’Amazon, cité dans un récent communiqué.

Face à cette arrogance et ce mépris, cette vision du monde qui n’est pas la nôtre, les collectifs Stop Amazon et Nuage Rouge appellent à

🛑 Soutenir la grève des livreurs en venant mardi 4 et mercredi 5 avril 2023 sur le site d’Amazon Briec 🛑

pour accueillir, peut-être les dirigeants Européens de la firme sous les meilleurs auspices.

Blocage d’Amazon Briec : 49-3 DTC Bezos

Macron recevait Bezos, grand manitou d’Amazon, le 16 février en pleine journée de mobilisation contre la réforme des retraites, pour le décorer de la Légion d’Honneur. Si ça doit être un honneur, alors il s’agit d’un doigt… d’un banquier d’affaires à la classe des travailleurses qui cherche juste à ne pas perdre 2 années de vie à s’user au travail, parfois jusqu’à la corde. C’est une insulte pour les travailleurses d’Amazon dont les conditions sont souvent des plus difficiles.

En réponse à Bezos et à Macron, l’entrepôt de Briec a une nouvelle fois été bloqué. Dimanche soir, de 22h environ à lundi midi, aucune marchandise n’est sortie de l’entrepôt.

Bravo à nos camarades mobilisé⋅es sur les barricades. Cette réforme est celle d’une classe bourgeoise qui ne veut pas renoncer au pouvoir et qui ne peut comprendre qu’il est temps pour elle de le faire : nous ne supportons plus ces petits arrangements dans son seul intérêt.

49-3 DTC Bezos.

Et une petite idée pour la suite : Amazon Stop, vous êtes déconnectés

Tintin au pays d’Amazon

Du journalisme embarqué1 au journalisme emballé. 

Nos reporters ont donc répondu présents à l’invitation de la direction d’Amazon Briec pour une visite de l’entrepôt mercredi 8 février à 11h pétantes. Les élus aussi, le président du Conseil Départemental M. de Calan, la maire de Quimper I. Assih, le maire de Briec T. Férec, etc… et des chefs d’entreprises.

C’est un paradis. C’est beau. Tout est formidablement en place. Mécanique huilée, tapis roulant vitesse 4 – ordres – chrono – gestes calibrés – chrono – démarrer moteur – chrono – mégaphone – musique – have fun – chrono – pin’s.

Génial. Employés bien employés, avec records et médailles. Contents ?

C’est beau. C’est comme les arbres qu’on replante : bien rangés.

Rien à dire, pense Tintin – (enfin … « pense » … ?) – (ce n’est pas ce que le patron lui demande non plus)

Au mieux nos témoins journalistes sont « un peu » déconcertés. Au pire, ils sont emballés. Emballage2 qui reflète parfaitement celui des élus zélés et des patrons des entreprises locales, BTP, vendeurs des grosses cylindrées de la flotte Amazon – une aubaine !  et d’autres, revendeurs sur la marketplace. 

 C’est le Meilleur des mondes3 en somme. Avec même ce pittoresque et obstiné groupuscule des “habituels opposants” répétant « une nouvelle fois » leurs critiques (que le journaliste n’a pas besoin d’entendre du coup). 

Et c’est tout. 

Mais si Tintin avait eu des lettres et une connaissance même sommaire de la confrontation des mondes et des idées, il aurait lui-même formulé quelques objections à cette visite au-merveilleux-pays-d’Amazon : est-ce la passion de Bezos pour la science-fiction qui a permis cette organisation aux allures cyniquement « humaines » de l’Enterprise (les delta – epsilon4 ont une belle salle de repos, mais « ont-ils le temps » d’y aller ? (question judicieuse5 reconnaissons-le, mais tardive). 

Si Tintin avait lu un peu le père du libéralisme Adam Smith, il aurait pu se garder de la gentillesse ambiante en se répétant que « ce n’est pas de la bienveillance (du directeur de la plateforme) que tu tiens ton (salaire) mais plutôt du soin qu’il apporte à la recherche de son propre intérêt »6

Si Tintin avait une vraie conscience écologique, de celles dont vient de se prévaloir récemment Ouest France avec sa charte Pour un journalisme au niveau de l’enjeu écologique, et notamment le point 77, il aurait pu chercher à savoir si vraiment cette noria de camionnettes et de camions sur nos routes, ce flux incessant de marchandises que, comme des fourmis affolées, ils transportent d’un coin à l’autre du pays, sont un progrès. Et si on ne patauge pas alors en pleine contradiction. 

Si Tintin avait seulement conscientisé le grand déséquilibre entre les ultra-profits et les salaires des travailleurs, cet éternel « tout pour les plus forts, et merde à la justice »8, alors il aurait évoqué la question de la valeur du temps de leur vie que les salariés voudraient voir reconnaître à leur travail. Il aurait pu entendre à travers leurs mots le besoin qu’ils ont de donner du sens à ce travail ; ce que les manifestations actuelles contre la réforme de la retraite confirment.

Il aurait pu aussi profiter de la présence des élus pour leur demander si leur fameuse « attractivité » -route-camions-vitesse-bruit-béton-lotissement-déchets partout- est vraiment attractive, et si oui, pour combien de temps. 

Et s’il était venu nous rencontrer, nous les « habituels opposants », il aurait vu ceux des chauffeurs d’estafettes en route pour leur service qui nous ont fait un signe de connivence, accompagné parfois d’un joyeux « vous avez raison ! ».

Raison. C’est le mot. On la cherche encore dans les articles.


1 Expression utilisée pendant la guerre du Golfe pour désigner une forme de journalisme dans laquelle un reporter est pris en charge au sein d’une unité militaire
2 Emballage qui n’empêche pas l’emballement, au contraire.
3 Roman de Science-Fiction d’Aldous Huxley paru en 1932. Bezos est un inconditionnel de la SF.
4 Dans ce même roman, le Meilleur des mondes les delta et les epsilon sont des individus conçus pour être au service des autres
5 Cf Article d’Adèle Leberre, Côté Quimper
6 Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776)
7 https://chartejournalismeecologie.fr/la-charte/ : « 7. faire preuve de vigilance face aux promesses, postures et discours affichés comme vertueux par les entreprises, les politiques, les institutions, les collectivités, les associations, les médias, etc. ; »
8 Raccourci choc mais qui renvoie au Gorgias de Platon, et notamment à l’affrontement entre Calliclès, partisan du toujours plus pour les plus forts, et Socrate partisan de la justice. Lequel gagne ?

Amazon, On achève bien les travailleuses handicapées

« Amazon nous promet monts et merveilles mais une fois dedans, ce n’est plus la même chose ».

Elle a 57 ans ; elle est câbleuse informatique, travailleuse handicapée RQTH. Elle témoigne : recrutée puis formée par Amazon à Nantes-Carquefou pour un poste d’agent de tri « dispatcheur », elle se retrouve à Briec à mettre à quai et décharger seule les camions, de 16h à 23h30. Son corps éprouvé ne supportera pas la charge et sa répétition incessante sur ce poste qu’elle ne devait pas occuper ; elle en informe son « manager » et propose d’aménager le poste. Elle sera virée sur le champ et sur un motif mensonger.

Il n’aura donc pas fallu attendre longtemps pour voir le vrai visage de la firme au sourire trompeur. On n’en sera pas surpris, on connaît les méthodes de cette entreprise et son mépris des travailleur·ses, véritables outils vivants que des robots remplaceront : pas de RQTH parmi eux. Tout cela, et le reste, nous l’avons suffisamment annoncé. D’autres témoignages font apparaître le fond du problème que les élus ont refusé de considérer : travail précaire ; CDI partiels (25h) ; périodes d’essai ; peu voire pas de pause, disponibilité des corps, soumission à l’ordre de managers d’autant plus serviles qu’ils sont flattés d’être à cette place. Et l’humiliation.

Certain·es postulant·es chez Amazon, dans l’anxiété de la recherche d’emploi plus que pressante en cette période d’inflation, et ne pouvant se permettre de refuser un poste pourtant insuffisant en termes de salaire, sont contraint·es d’en trouver un second avec cette crainte de ne pouvoir faire coïncider les deux.

Les témoignages sont plus parlants que les discours : ce sont bien les corps, le désir de bien faire son travail qui sont mis à mal. Mais ils disent les souffrances, les peurs, l’angoisse même et le rapport froid à une hiérarchie aux règles importées et mécaniques. Le problème est bien celui que nous n’avons pas cessé de soulever, il est politique. Il est celui du choix que des élus ont fait sans l’assumer, et sans mener une véritable réflexion sur un monde qui ne vise que le profit des actionnaires, et l’accroissement de la fortune de quelques-uns. Sur un monde dans lequel on prône « l’obsession du client » (formule-mantra d’Amazon) pour mieux le plumer avec son consentement, un monde qui ne vise pas la vie bonne mais la vie marchande, et dans lequel on se soucie non pas des êtres mais des choses.

Vieux monde. Et ‘black future’ !

🔴 Action symbolique Black Friday du 25/11 à Quimper

RDV vendredi 25/11 à 12h15 au Locker Amazon de la station Total (route de Brest)

Si vous le partagez autour de vous, nous vous en remercions. Soyons nombreuxes vendredi !

Stop Amazon à Briec et ailleurs ✊
Black Friday – Block Future

Le communiqué en PDF

Amazon à Briec : « STOP ! Vous êtes déconnectés »

Le Collectif a été contacté ce 27 octobre 2022 avec ce message et cette photo :

Amazon Briec : Stop! Vous êtes déconnectés
Bonsoir,pour son ouverture à Briec,Amazon est déconnectée,et les alarmes ont sonné fort sous les spots puissants de l’entrepôt alors que toutes les villes sont éteintes à cette heure-là pour sauver de l’énergie.
Amazon Briec : Stop! Vous êtes déconnectés.

Photo montrant des câbles télécom sectionnés et une pancarte « vous êtes déconnectés »

Le Collectif Stop Amazon Briec soutient naturellement cette action et les personnes ayant pris des risques pour ce faire. Le message est clair pour Amazon le jour de son ouverture officielle : vous êtes déconnectés (de vos réseaux et du monde dont vous faites partie malgré nous) !

Les alarmes entendues sont celles qui annoncent un changement de régime, dual entre celui d’Amazon et celui de son refus.

L’éclairage outrancier de l’entrepôt contribue autant au déséquilibre écologique d’une zone industrielle bien malmenée qu’à l’image d’une entreprise hors-sol qui oublie que chacun⋅e est pris en étau par les prix de l’énergie, qui est gaspillée ici autant par l’éclairage, le modèle logistique, le modèle de production et le modèle économique de l’entreprise de Jeff Bezos.

D’Amazon, nous ne voulons ni de cet entrepôt à Briec, ni du reste. Nous soutiendrons les travailleurses de cette plateforme pour leurs droits. Le combat est bien réel.

No black future

Amazon ouvre ses grilles pour le « Black future »

Amazon s’est donc imposé en Bretagne, région qu’on aurait pu croire plus rétive à cette colonisation, comme il s’est imposé en France, pays très hospitalier à la firme américaine. Colonisation, parce que ce n’est pas une entreprise ordinaire que les élus ont autorisée à s’installer sur notre sol. L’entreprise Amazon est le support d’un projet de société totalitaire qui vise à régir tous les domaines de nos vies. Projet destructeur d’emplois, de droits sociaux, de vie privée, dévoreur de terres, destructeur de paysages et accélérateur du dérèglement climatique. Dévoreur d’avenir.

Elus, maires successifs de Quimper et de Briec, et autres présidents de QBO, quoi qu’ils en disent, sont responsables de cette implantation. Responsables politiquement et moralement de cette perte de souveraineté et de dignité républicaines. Nous n’oublierons jamais qu’ils ont refusé un débat démocratique avec la population et le monde du travail sur les enjeux d’intérêt général mis en cause par cette installation. Face aux dégâts humains, sociaux et écologiques que cette entreprise cannibale ne cesse d’engendrer, tôt ou tard ils auront à rendre des comptes de leurs décisions, de la légèreté et de l’opacité avec lesquelles ils les ont prises.

Quant au verdissement très pâle dont se targue la communication d’Amazon, il ne dupe que ceux qui veulent être dupés. Sept hectares artificialisés restent sept hectares perdus pour le vivant.

Il y aura d’autres inquiétudes. L’ouverture dans quelques jours de cette plateforme va accroître et perturber la circulation sur un réseau déjà saturé et qui n’a pas été préparé à cet afflux, auquel s’ajoutera celui de la Sodise. Cela va immanquablement générer des nuisances.

D’ores et déjà nous tenons à assurer les futurs travailleuses et travailleurs de cette plateforme de notre soutien et de notre aide dans l’établissement et la protection de leurs droits. D’ores et déjà, nous affirmons que ne seront pas premiers responsables d’éventuels accidents les chauffeurs-livreurs soumis par la firme Amazon à une pression et à des rythmes intenables – la livraison est en effet reconnue comme très accidentogène.

Notre soutien va également aux riverains qui vont voir s’ajouter à la série des nuisances de la ZI celle de la lumière puissante et constante de l’entrepôt et celle du bruit de la circulation nocturne.

L’intense gaspillage consumériste et énergétique encouragé par la plateforme s’ajoute à la liste de ce qui ne doit plus se concevoir dans la perspective désormais très sensible et très concrète du dérèglement climatique et de l’effondrement des écosystèmes.

Entre Amazon et une Bretagne vivante, humaine et démocratique, il faut choisir. Nous avons choisi.

Le combat ne cesse pas.

Droit de réponse – De la résignation.

Le collectif Stop Amazon Briec remercie monsieur Déniel pour l’article paru dans Le Télégramme ce 7 avril 2022 sur l’entrepôt d’Amazon qui serait achevé cet été. Cette publication, à plus d’un égard instructive, appelle notre réponse.

De la résignation.

Les plus proches voisins du futur entrepôt – que nous avions aussi rencontrés – installés en 1981, n’avaient sous les yeux que la nature en effet, sans doute un vallon au fond duquel un ruisseau filait vers l’ouest. 81 : c’est le début d’une décennie au cours de laquelle a été impulsé l’élan néolibéral dont nous commençons de ressentir les effets en termes de pollution et de réchauffement climatique. Facilitation de la circulation, de la consommation, vite devenue incitation à la surconsommation, de la surproduction tous azimuts, et de la multiplication exponentielle de déchets consécutive. C’est le moment où les incinérateurs paraissent en effet être la solution, malgré les « inconvénients » que rappelle la personne riveraine : dioxine et maladies graves, cancers en général. Plusieurs de ces incinérateurs ont valu à des communautés de communes d’être condamnées ces derniers temps pour mise en danger de la vie d’autrui : à Vaux-le-pénil près de Melun, et à Ivry, dont l’incinérateur est en cours de vérification. Il serait peut-être bon que l’incinérateur de Briec soit aussi objet d’une vérification minutieuse. Personne en 1992 n’a soutenu l’opposition des riverains à cet incinérateur, nous a dit l’un des plus proches voisins.

La lutte contre la centrale gaz qui a bien failli être également installée à Briec a été autrement plus vigoureuse. Elle était fondamentalement juste : nous y disions entre autres qu’elle nous mettait sous la dépendance du gaz russe (et l’actualité valide, cruellement, cet argument, parmi d’autres), et qu’elle ne réglait pas le problème énergétique qui maintenant se pose en d’autres termes. Les opposants n’en voulaient ni à Briec, ni ailleurs. Hélas pour Landivisiau.

C’est le 31 janvier 2020 que la Sodise a informé par voie de presse de son projet d’installation à Briec. L’information en a été en quelque sorte neutralisée par l’annonce de l’arrivée d’Amazon presque en même temps. Une enquête publique s’est tenue en février 2021, les travaux ayant commencé, dont l’objet était une modification du PLU. Nous n’avons été que cinq personnes à répondre à cette enquête : deux pour des questions de parcelles, trois pour les questions environnementales et économiques-écologiques. La commissaire enquêtrice a d’ailleurs salué ces trois rapports transmis et s’en est inspirée pour sa conclusion. Là encore il s’agissait pour nous trois, toutes trois membres du collectif Stop Amazon, deux habitant Briec, d’alerter sur les conséquences d’un projet de ce type, en import / export, en adéquation donc avec la « logique » logistique de la mondialisation – la fameuse « supply chain » – c’est-à-dire un projet qui ne repose que sur l’intensification des circulations de marchandises et donc de la surproduction ; pour une sur-utilisation de matériel, exponentielle elle aussi. Qu’ont dit les autres Briécois ?

Il est vrai que nous avons centré notre lutte contre Amazon, emblème spectaculaire de ce système de la surconsommation, de la production de faux besoins, et de déchets. Système participant à l’aggravation du problème climatique, dont les « retraités pur jus » de Briec, sans doute grands-parents, seraient avisés de se préoccuper. Nous avons toujours défendu les commerçants de Briec, dont nous reconnaissions le dynamisme, mal récompensé. Nous avons assez alerté sur les conditions dans lesquelles les gens recrutés auront à exercer leur « emploi », et sur le fait qu’ils seront mal rémunérés (Il suffit de se reporter à la grève menée par les employés depuis 2 jours à l’entrepôt de Boves, pour une augmentation de salaire que Bezos aux 5 000 000 € par mois n’accepte de porter qu’à 3 % = 42€/mois.)

Nous avons, le 24 mars, par notre action à la Pointe du Raz, voulu alerter une fois de plus sur cette « vente » de la région, du pays, à l’entreprise transnationale aux grandes dents par le président Macron.

Dire que les gens qui ont plusieurs fois manifesté n’étaient pas de Briec n’a pas de sens : l’affaire est pour le moins nationale, on le sait. Il conviendrait plutôt de s’alarmer du fait que la Zone Industrielle de Briec se développe dans des proportions alarmantes en termes de consommation de foncier, et d’artificialisation définitive, pour un retour/ taux d’emploi somme toute assez faible, surtout si l’on tient compte de la robotisation si commode en plein développement. Il conviendrait de s’inquiéter aussi du sort fait aux zones humides, à l’eau, si précieux trésor, à l’heure où l’on commence à dire qu’il y aura des sécheresses, et autres « stress hydriques ».

Et c’est la résignation générale qu’il faut interroger en effet. Elle est au moins le signe d’une insuffisante prise de conscience de la gravité de ce qui vient. Les rapports du GIEC le disent assez. Et signe d’une impuissance, un sentiment que la pandémie de covid a sans doute renforcé. Qu’y pouvons-nous ? Rien, disent certains.

Tout, répondons-nous : il est possible (urgent) de construire le monde autrement. Au moins il convient de faire ce que la covid avec ses confinements a rendu impossible : débattre, discuter, penser les problèmes, celui du « modèle » Amazon, de la logistique, de la qualité des emplois, et des solutions possibles, mais de le faire ensemble.

Gens de la ZAD, « briécois pur jus » et tous les autres citoyens compris.

Macron a livré notre région à Amazon

Élections : les Bretons mobilisés contre le soutien d’Emmanuel Macron à l’expansion d’Amazon à Briec, en Bretagne et ailleurs

Jeudi 24 mars 2022, Pointe du Raz – Alors que le Gouvernement a tout fait pour favoriser l’implantation d’Amazon en Bretagne depuis 2017 tout en connaissant les chiffres des destructions d’emplois et des impacts environnementaux dus au e-commerce, les habitants se mobilisent aujourd’hui. Ici en Bretagne, l’entrepôt de Briec a été construit sous le mandat d’Emmanuel Macron, les habitants se rassemblent pour montrer que leur région a été sacrifiée et pour pointer du doigt la responsabilité du Gouvernement.

En Bretagne en 2017, il n’y avait aucun entrepôt Amazon. Pourtant, aujourd’hui, alors que les impacts sociaux et environnementaux du e-commerce sont documentés en France, nous n’y avons pas échappé. Cette expansion rapide et massive s’observe partout en France : le nombre d’entrepôts Amazon a été multiplié par 11 depuis 2017 en France, passant 4 à 44 entrepôts construits aujourd’hui (1). C’est le résultat d’un mandat durant lequel Emmanuel Macron a enchaîné les politiques en faveur du développement du e-commerce, aggravant la situation de nombreuses collectivités et des travailleurs.

Les habitants bretons se sont alors mobilisés ce jeudi 24 mars ars devant la Pointe du Raz, lieu symbolique de la région, et tout près de Plogoff, lieu de résistance aussi symbolique, afin de dénoncer la politique pro e-commerce menée par l’exécutif et témoigner de ses effets sur le bassin d’emploi et l’environnement au niveau local. Ils ont déployé une banderole où était écrit « Macron a livré notre région à Amazon » et ont multiplié les prises de paroles pour détailler les conséquences du développement du e-commerce sur leur territoire : augmentation de la précarité au travail, fraude fiscale pesant sur la collectivité et les habitants, destructions d’emploi dans les commerces physiques, impacts climatiques et artificialisation des sols, augmentation de la pollution de l’air, nuisances routières et accidents ont été mentionnés.

«artificialisation des sols, destruction de biodiversité, fiscalité, destruction d’emplois de proximité, précarité d’emplois, pollution, risques routiers, » ont souvent été déplorés par notre collectif

Mercredi 23 mars, un nouveau rapport publié par les Amis de la Terre France confirmait la poursuite des destructions d’emplois dues au e-commerce observées en 2018 et révélait que 85 000 emplois ont été détruits par le développement de la vente en ligne en 11 ans en France. Le Président n’a donc pas seulement fermé les yeux sur la situation, il l’a aggravé, faisant le choix délibéré de destructions d’emplois dans le commerce.

« La présence du nom de notre Président-candidat n’est pas un hasard, alors que l’année 2021 a été marquée par de multiples opportunités pour la France de limiter le développement de la vente en ligne, l’Élysée et la majorité La République en Marche ont tout fait pour favoriser le développement d’Amazon. » rappelle Etienne Coubard, porte-parole des Amis de la Terre France. En divisant par deux les impôts locaux d’Amazon en janvier 2021, en allégeant les procédures d’implantation des entrepôts (2), puis en jouissant de leur majorité à l’Assemblée Nationale pour mettre en échec des amendements de tous les groupes politiques qui proposaient d’encadrer la vente en ligne dans la loi Climat. Si bien qu’aujourd’hui, Amazon continue d’échapper aux taxes commerciales et n’a aucune limite dans le développement de ses infrastructures, contrairement à la vente physique.

Conclusion, « depuis plusieurs années, nous, habitants, tentons d’obtenir l’abandon des projets dans notre région. Pour certains entrepôts Amazon construits, nous avons déjà perdu et nous en subissons les conséquences aujourd’hui. Nous avons mené notre combat dans les tribunaux, dans la rue et auprès des parlementaires pour que notre message soit entendu jusqu’à l’Assemblée Nationale et nous continuerons de le faire. Alors qu’Emmanuel Macron a déjà annoncé dans son programme qu’il s’opposerait à tout encadrement de la vente en ligne; le combat se jouera en partie dans les urnes. »

Cette mobilisation s’ajoute à une série de mobilisations qui ont lieu dans sept régions en France les 24 et 25 mars, avec le même mot d’ordre.

(1)  Avant 2017 – 4: Montélimar, Sevrey, Saran, Lauwin-Planque 1 ; Entre 2017 et aujourd’hui – 44: Saint-Priest, Satolas-et-Bonce, Lyon, Annecy/ Seynod, Fontaine 1, Gidy, Artenay, Ormes, Strasbourg, Augny, Woippy, Lauwin-Planque 2, Boves, Sainghin-en-Mélantois, Senlis, Avion (proche Lens), Gauchy, Bonneuil-sur-Marne, Le Blanc-Mesnil, Paris 18è, Châtres-en-Brie, Moissy Cramayel, Villiers-Sur-Marne, Vélizy-Villacoublay,  Osny, Survilliers, Gennevilliers, Brétigny-sur-Orge, Noisy-Le-Grand, Beauchamp 1, Saint-Etienne-du-Rouvray, Moult, Morlàas, Toulouse 1 et 2, Frontignan,  Carquefou, Bouc-Bel-Air , Nice, Carros, ; En cours et en prospection – 14 : Lyon St-Exupéry, Fontaine 2, Longvic, Briec, Calais, Brebières, Beauchamp 2 et 3, Saint-Quentin, Rouen, Perpignan, Orange (en prospection), Pays-de-la-Loire (en prospection), Montpellier (en prospection).

(2) Loi d’accélération et de simplification de l’action publique

Revue de presse

Politico.eu: French grassroots Amazon resistance targets Macron

In the 5 years since the French president’s election, the US tech giant’s fast development has met with both open arms and fierce opposition.

Ouest France: « Macron a livré notre région à Amazon » : à la pointe du Raz, ils se mobilisent

Le Télégramme: Une banderole anti-Amazon déployée à la Pointe du Raz à Plogoff Réservé aux abonnés