Amazon, paie au moins les salaires de tes livreurs

Le minimum que l’on puisse faire, en tant qu’élu⋅es de la République, en tant qu’élu⋅es locaux de QBO, quand on a légitimé l’installation d’Amazon au nom de la création d’emplois, c’est de veiller à ce que les salaires soient honorés par la multinationale et sa chaîne de sous-traitance. Sinon ce n’est plus de l’emploi qu’Amazon crée mais de esclavage. Madame Assih, Monsieur Ferec, Monsieur Herry, soutenez la revendication légitime des livreurs ! Nous attendons votre prise de position publique à ce sujet.

Pour souligner cette situation ubuesque, une banderole géante été été déployée ce mardi 9 mai 2023 sur le Théâtre de Cornouaille à Quimper, au moment du spectacle d’Alain Damasio, qui a fait référence dans son spectacle à ce qui se passait dehors. La banderole restera accrochée à la façade du bâtiment jusqu’au lendemain.

Nous proposons à chaque personne solidaire des chauffeurs-livreurs d’Amazon qui sont mis dans des situations financières et professionnelles très délicates de contribuer à une caisse de solidarité pour leur apporter un soutien financier leur permettant de traverser la situation actuelle de flottement complète, sans revenus.

Voici le texte lu hier sur le parvis, pour expliquer cette action :

Pourquoi sommes-nous ici ce soir ?
Quels liens entre Amazon, Macron, les élu-es et le Théâtre de Cornouaille ?

Tout d’abord, rappelons que la première cible d’Amazon a été la culture, et notamment le livre puisque, à son origine, Amazon était une librairie en ligne.

Depuis, l’empire s’est largement ouvert et s’impose désormais dans l’industrie du film, des séries, de la musique, des jeux vidéo et peut-être un jour du théâtre virtuel… jusqu’à obtenir un dangereux monopole dans le monde de la culture. Avec Prime, ou Premium, il s’agit d’hameçonner le client avec un produit culturel puis de nourrir sa tendance addictive pour l’enfermer, avec d’autres produits, dans un consumérisme effréné.

Alain Damasio, qui présentera dans quelques minutes un spectacle sur le plateau de ce théâtre, dénonce un monde livré à la marchandisation universelle et au capitalisme intégral que seuls des Furtifs sont encore capables de mettre en échec.

Ce soir, nous sommes des Furtifs qui agissons à visage découvert, sans violence, sans dégradation, non seulement dans le respect total du travail des artistes mais avec une détermination égale à la leur : nous sommes là aussi pour dessiller les yeux qui resteraient fermés à cette évidence !

Alors que nous défilions pour défendre un modèle social protecteur des travailleurses et du vivant, Macron décorait Jeff Bezos de la Légion d’Honneur. Alors qu’il imposait une législation permettant aux entrepôts de e-commerce de ne pas être soumis aux mêmes taxes que les supermarchés classiques, les élus de QBO (Ferec le Maire de Briec, Assih la Maire de Quimper et Présidente de QBO, et Jolivet qui la précédait) validaient l’implantation à Briec d’un tel entrepôt. Et nos alertes précédant l’installation d’Amazon se révèlent aujourd’hui au grand jour, dans sa triste réalité.

À l’image des calamités écologiques, sociales, culturelles planétaires dont Amazon est la cause, ici, localement, en Cornouaille, l’entreprise multinationale montre son vrai visage…

Alors que l’entreprise faisait miroiter des emplois pérennes à haute qualité sociale, c’est le règne de la sous-traitance et de la précarité qui se dévoile aujourd’hui sous nos yeux.

Voici les faits :

Début avril, 37 livreurs recevaient un SMS leur annonçant la rupture du contrat liant Amazon à la société prestataire NGS express qui les employait. Ils décident alors de bloquer la plateforme et rendent ainsi visibles leurs conditions de travail dégradantes : contrats non respectés, salaires aléatoires, véhicules de services endommagés, non conformes, restriction de leur accès aux commodités du site, aux toilettes, et enfin désactivation de leurs badges d’entrée sur le site pendant la période de liquidation de NGS express.

Privés de travail, de salaire, avec des arriérés de plusieurs semaines, ils ont reçu le soutien de syndicats et du collectif Stop Amazon Briec. Ils ont également été auditionnés par l’inspection du travail qui, nous l’espérons, produira un rapport circonstancié sur les liens ambigus entre NGS Express et Amazon. Des liens que nous assimilons à un « contrat de louage », comme un retour en arrière de 2 siècles pour tenter d’effacer conquêtes sociales et code du travail.

Depuis, NGS express a été liquidé, les livreurs licenciés. La bataille juridique se poursuit car sur plusieurs autres sites Amazon, en France, des chauffeurs sont ainsi méprisés, considérés comme de simples outils productifs et jetables.

En tant que citoyennes et citoyens d’une République qui devrait être démocratique et sociale, nous affirmons aujourd’hui avec vous notre attachement à l’idéal démocratique de liberté, d’égalité, de fraternité sur tous les territoires, c’est l’essence même de notre culture. Comme nous l’avons affirmé pendant ces dernières semaines, lors des grandes mobilisations contre la réforme des retraites, nous voulons préserver nos conquis sociaux et le futur de notre jeunesse, nous refusons l’exploitation du temps, de la vie des femmes et des hommes, et du vivant.

Avant que vous ne partiez ou avant que vous n’entriez dans ce théâtre pour assister au prochain spectacle, nous vous invitons, si vous le pouvez, à participer à une caisse de solidarité en soutien aux camionneurs licenciés. Ils ont dû faire face à plusieurs semaines sans salaire, il s’agit de leur permettre d’avancer les frais d’avocats qui vont les défendre.

Merci à vous, merci pour elles et eux ! Et continuons d’aller voir des spectacles de qualité comme ceux de ce soir pour promouvoir l’idée que ni la culture en particulier, ni le monde en général ne sont de vulgaires marchandises.

Et que face au capitalisme intégral, il n’y a pas d’autre alternative que le combat actif.

Collectif Stop Amazon Briec // contact@stopamazon.bzh
Collectif Nuage Rouge // collectif_nuage_rouge@proton.me

Amazon ne licencie pas, Amazon désactive les travailleurs et travailleuses

Solidarité avec les chauffeurs-livreurs

Le blocage par les chauffeurs-livreurs de la plateforme Amazon à Briec rend on ne peut plus visibles les conditions de travail dégradantes réservées aux coursiers. Comme à son habitude, Amazon externalise l’emploi à des prestataires (entre autres NGS express) qui ne respectent pas leurs obligations d’employeurs : payer un salaire avec exactitude, rédiger des contrats précis et fermes, respecter ces contrats ; ou encore mettre à disposition des véhicules en règle, avec carte grise, et vignettes d’assurance. AMAZON, employeur de fait, rompant avec NGS, s’est contenté ensuite de désactiver le badge des chauffeurs-livreurs, leur interdisant ainsi l’accès à la plateforme. Amazon s’est retranché comme d’habitude derrière le sous-traitant pour s’exonérer de toute responsabilité. Méthode commode.

En procédant ainsi, Amazon restaure le vieux « contrat de louage » dans un grand bond en arrière de deux siècles et tente d’effacer l’histoire sociale de notre pays qui a mis en place le code du travail. Ce même code du travail qui par ailleurs et fort heureusement donne du fil à retordre à Amazon dans son projet de licencier massivement son personnel en Europe, comme cela a pu se faire aux USA.

Voilà l’avenir du travail que met en oeuvre Amazon : une uberisation. Voilà ce retour à un temps d’avant les conquis sociaux et les droits, au terme duquel on voudrait nous faire oublier que nous sommes des citoyennes et citoyens d’une République démocratique et sociale, d’un Etat de droit, où les droits sont respectés.

Que pensent donc de tout cela les élus locaux, eux qu’on n’a pas vus sur le site venir écouter les coursiers en lutte ?

Qu’en pensent-ils, eux qui ont soutenu et porté obstinément, sourds à nos alertes, ce projet d’un entrepôt Amazon, « créateur d’emplois » et source « d’attractivité » ?

Il ne peut y avoir aucun progrès démocratique là où on méprise les travailleurs et travailleuses. On ne saurait composer avec ceux qui exploitent le temps et la vie des femmes et des hommes qu’ils se soumettent.

Les élus locaux de Quimper et Briec promoteurs de l’implantation d’Amazon dans le territoire, portent la responsabilité de ce qui est une négation de notre idéal démocratique de liberté, d’égalité et de fraternité.

Blocage d’Amazon Briec : 49-3 DTC Bezos

Macron recevait Bezos, grand manitou d’Amazon, le 16 février en pleine journée de mobilisation contre la réforme des retraites, pour le décorer de la Légion d’Honneur. Si ça doit être un honneur, alors il s’agit d’un doigt… d’un banquier d’affaires à la classe des travailleurses qui cherche juste à ne pas perdre 2 années de vie à s’user au travail, parfois jusqu’à la corde. C’est une insulte pour les travailleurses d’Amazon dont les conditions sont souvent des plus difficiles.

En réponse à Bezos et à Macron, l’entrepôt de Briec a une nouvelle fois été bloqué. Dimanche soir, de 22h environ à lundi midi, aucune marchandise n’est sortie de l’entrepôt.

Bravo à nos camarades mobilisé⋅es sur les barricades. Cette réforme est celle d’une classe bourgeoise qui ne veut pas renoncer au pouvoir et qui ne peut comprendre qu’il est temps pour elle de le faire : nous ne supportons plus ces petits arrangements dans son seul intérêt.

49-3 DTC Bezos.

Et une petite idée pour la suite : Amazon Stop, vous êtes déconnectés

Tintin au pays d’Amazon

Du journalisme embarqué1 au journalisme emballé. 

Nos reporters ont donc répondu présents à l’invitation de la direction d’Amazon Briec pour une visite de l’entrepôt mercredi 8 février à 11h pétantes. Les élus aussi, le président du Conseil Départemental M. de Calan, la maire de Quimper I. Assih, le maire de Briec T. Férec, etc… et des chefs d’entreprises.

C’est un paradis. C’est beau. Tout est formidablement en place. Mécanique huilée, tapis roulant vitesse 4 – ordres – chrono – gestes calibrés – chrono – démarrer moteur – chrono – mégaphone – musique – have fun – chrono – pin’s.

Génial. Employés bien employés, avec records et médailles. Contents ?

C’est beau. C’est comme les arbres qu’on replante : bien rangés.

Rien à dire, pense Tintin – (enfin … « pense » … ?) – (ce n’est pas ce que le patron lui demande non plus)

Au mieux nos témoins journalistes sont « un peu » déconcertés. Au pire, ils sont emballés. Emballage2 qui reflète parfaitement celui des élus zélés et des patrons des entreprises locales, BTP, vendeurs des grosses cylindrées de la flotte Amazon – une aubaine !  et d’autres, revendeurs sur la marketplace. 

 C’est le Meilleur des mondes3 en somme. Avec même ce pittoresque et obstiné groupuscule des “habituels opposants” répétant « une nouvelle fois » leurs critiques (que le journaliste n’a pas besoin d’entendre du coup). 

Et c’est tout. 

Mais si Tintin avait eu des lettres et une connaissance même sommaire de la confrontation des mondes et des idées, il aurait lui-même formulé quelques objections à cette visite au-merveilleux-pays-d’Amazon : est-ce la passion de Bezos pour la science-fiction qui a permis cette organisation aux allures cyniquement « humaines » de l’Enterprise (les delta – epsilon4 ont une belle salle de repos, mais « ont-ils le temps » d’y aller ? (question judicieuse5 reconnaissons-le, mais tardive). 

Si Tintin avait lu un peu le père du libéralisme Adam Smith, il aurait pu se garder de la gentillesse ambiante en se répétant que « ce n’est pas de la bienveillance (du directeur de la plateforme) que tu tiens ton (salaire) mais plutôt du soin qu’il apporte à la recherche de son propre intérêt »6

Si Tintin avait une vraie conscience écologique, de celles dont vient de se prévaloir récemment Ouest France avec sa charte Pour un journalisme au niveau de l’enjeu écologique, et notamment le point 77, il aurait pu chercher à savoir si vraiment cette noria de camionnettes et de camions sur nos routes, ce flux incessant de marchandises que, comme des fourmis affolées, ils transportent d’un coin à l’autre du pays, sont un progrès. Et si on ne patauge pas alors en pleine contradiction. 

Si Tintin avait seulement conscientisé le grand déséquilibre entre les ultra-profits et les salaires des travailleurs, cet éternel « tout pour les plus forts, et merde à la justice »8, alors il aurait évoqué la question de la valeur du temps de leur vie que les salariés voudraient voir reconnaître à leur travail. Il aurait pu entendre à travers leurs mots le besoin qu’ils ont de donner du sens à ce travail ; ce que les manifestations actuelles contre la réforme de la retraite confirment.

Il aurait pu aussi profiter de la présence des élus pour leur demander si leur fameuse « attractivité » -route-camions-vitesse-bruit-béton-lotissement-déchets partout- est vraiment attractive, et si oui, pour combien de temps. 

Et s’il était venu nous rencontrer, nous les « habituels opposants », il aurait vu ceux des chauffeurs d’estafettes en route pour leur service qui nous ont fait un signe de connivence, accompagné parfois d’un joyeux « vous avez raison ! ».

Raison. C’est le mot. On la cherche encore dans les articles.


1 Expression utilisée pendant la guerre du Golfe pour désigner une forme de journalisme dans laquelle un reporter est pris en charge au sein d’une unité militaire
2 Emballage qui n’empêche pas l’emballement, au contraire.
3 Roman de Science-Fiction d’Aldous Huxley paru en 1932. Bezos est un inconditionnel de la SF.
4 Dans ce même roman, le Meilleur des mondes les delta et les epsilon sont des individus conçus pour être au service des autres
5 Cf Article d’Adèle Leberre, Côté Quimper
6 Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776)
7 https://chartejournalismeecologie.fr/la-charte/ : « 7. faire preuve de vigilance face aux promesses, postures et discours affichés comme vertueux par les entreprises, les politiques, les institutions, les collectivités, les associations, les médias, etc. ; »
8 Raccourci choc mais qui renvoie au Gorgias de Platon, et notamment à l’affrontement entre Calliclès, partisan du toujours plus pour les plus forts, et Socrate partisan de la justice. Lequel gagne ?

Black Future, Block Amazon

Le vendredi noir à l’origine était un jour chômé aux USA et au Canada, où les travailleurses en profitaient pour prendre les routes, pas un jour de sur-consommation.

« Nous sommes un acte de protestation », nous sommes révolté⋅es contre Amazon et son monde. Nous avons enrubanné ce 25 novembre, « Black Friday », un Locker (armoire de libre-service totalement automatisée et équipée d’une caméra de vidéo surveillance non déclarée sur les espaces publics) d’Amazon à Quimper (station Total route de Brest).

Aujourd’hui Amazon annonce licencier 10.000 personnes de par le monde. Ils avaient annoncés 350 emplois peu qualitatifs à Briec, le compte n’en est qu’à 50.

Aucun débat public n’a été organisé par la Collectivité avant l’installation d’Amazon à Briec, ce qui se comprend finalement. Nous lui proposons maintenant un débat public sur l’après Amazon.

Nous continuerons à mettre des gravillons dans les rouages d’Amazon en Cornouaille tant que cette sortie de modèle ne sera pas sur la table. Rendez-vous le

Samedi 17 décembre 2022 à 11h
devant le Locker Amazon du Leclerc de Penvillers

pour réitérer cette action sans dégradation. Invitez vos amis, amenez vos enfants. Cet acte de résistance est un acte pour nos libertés, contre la colonisation du monde par des firmes aux intérêts privés.

Images réutilisables librement dans le cadre du sujet du présent article, licence CC-ND-SA

Contact presse : contact@stopamazon.bzh

🔴 Action symbolique Black Friday du 25/11 à Quimper

RDV vendredi 25/11 à 12h15 au Locker Amazon de la station Total (route de Brest)

Si vous le partagez autour de vous, nous vous en remercions. Soyons nombreuxes vendredi !

Stop Amazon à Briec et ailleurs ✊
Black Friday – Block Future

Le communiqué en PDF

Amazon à Briec : « STOP ! Vous êtes déconnectés »

Le Collectif a été contacté ce 27 octobre 2022 avec ce message et cette photo :

Amazon Briec : Stop! Vous êtes déconnectés
Bonsoir,pour son ouverture à Briec,Amazon est déconnectée,et les alarmes ont sonné fort sous les spots puissants de l’entrepôt alors que toutes les villes sont éteintes à cette heure-là pour sauver de l’énergie.
Amazon Briec : Stop! Vous êtes déconnectés.

Photo montrant des câbles télécom sectionnés et une pancarte « vous êtes déconnectés »

Le Collectif Stop Amazon Briec soutient naturellement cette action et les personnes ayant pris des risques pour ce faire. Le message est clair pour Amazon le jour de son ouverture officielle : vous êtes déconnectés (de vos réseaux et du monde dont vous faites partie malgré nous) !

Les alarmes entendues sont celles qui annoncent un changement de régime, dual entre celui d’Amazon et celui de son refus.

L’éclairage outrancier de l’entrepôt contribue autant au déséquilibre écologique d’une zone industrielle bien malmenée qu’à l’image d’une entreprise hors-sol qui oublie que chacun⋅e est pris en étau par les prix de l’énergie, qui est gaspillée ici autant par l’éclairage, le modèle logistique, le modèle de production et le modèle économique de l’entreprise de Jeff Bezos.

D’Amazon, nous ne voulons ni de cet entrepôt à Briec, ni du reste. Nous soutiendrons les travailleurses de cette plateforme pour leurs droits. Le combat est bien réel.

No black future

Droit de réponse – De la résignation.

Le collectif Stop Amazon Briec remercie monsieur Déniel pour l’article paru dans Le Télégramme ce 7 avril 2022 sur l’entrepôt d’Amazon qui serait achevé cet été. Cette publication, à plus d’un égard instructive, appelle notre réponse.

De la résignation.

Les plus proches voisins du futur entrepôt – que nous avions aussi rencontrés – installés en 1981, n’avaient sous les yeux que la nature en effet, sans doute un vallon au fond duquel un ruisseau filait vers l’ouest. 81 : c’est le début d’une décennie au cours de laquelle a été impulsé l’élan néolibéral dont nous commençons de ressentir les effets en termes de pollution et de réchauffement climatique. Facilitation de la circulation, de la consommation, vite devenue incitation à la surconsommation, de la surproduction tous azimuts, et de la multiplication exponentielle de déchets consécutive. C’est le moment où les incinérateurs paraissent en effet être la solution, malgré les « inconvénients » que rappelle la personne riveraine : dioxine et maladies graves, cancers en général. Plusieurs de ces incinérateurs ont valu à des communautés de communes d’être condamnées ces derniers temps pour mise en danger de la vie d’autrui : à Vaux-le-pénil près de Melun, et à Ivry, dont l’incinérateur est en cours de vérification. Il serait peut-être bon que l’incinérateur de Briec soit aussi objet d’une vérification minutieuse. Personne en 1992 n’a soutenu l’opposition des riverains à cet incinérateur, nous a dit l’un des plus proches voisins.

La lutte contre la centrale gaz qui a bien failli être également installée à Briec a été autrement plus vigoureuse. Elle était fondamentalement juste : nous y disions entre autres qu’elle nous mettait sous la dépendance du gaz russe (et l’actualité valide, cruellement, cet argument, parmi d’autres), et qu’elle ne réglait pas le problème énergétique qui maintenant se pose en d’autres termes. Les opposants n’en voulaient ni à Briec, ni ailleurs. Hélas pour Landivisiau.

C’est le 31 janvier 2020 que la Sodise a informé par voie de presse de son projet d’installation à Briec. L’information en a été en quelque sorte neutralisée par l’annonce de l’arrivée d’Amazon presque en même temps. Une enquête publique s’est tenue en février 2021, les travaux ayant commencé, dont l’objet était une modification du PLU. Nous n’avons été que cinq personnes à répondre à cette enquête : deux pour des questions de parcelles, trois pour les questions environnementales et économiques-écologiques. La commissaire enquêtrice a d’ailleurs salué ces trois rapports transmis et s’en est inspirée pour sa conclusion. Là encore il s’agissait pour nous trois, toutes trois membres du collectif Stop Amazon, deux habitant Briec, d’alerter sur les conséquences d’un projet de ce type, en import / export, en adéquation donc avec la « logique » logistique de la mondialisation – la fameuse « supply chain » – c’est-à-dire un projet qui ne repose que sur l’intensification des circulations de marchandises et donc de la surproduction ; pour une sur-utilisation de matériel, exponentielle elle aussi. Qu’ont dit les autres Briécois ?

Il est vrai que nous avons centré notre lutte contre Amazon, emblème spectaculaire de ce système de la surconsommation, de la production de faux besoins, et de déchets. Système participant à l’aggravation du problème climatique, dont les « retraités pur jus » de Briec, sans doute grands-parents, seraient avisés de se préoccuper. Nous avons toujours défendu les commerçants de Briec, dont nous reconnaissions le dynamisme, mal récompensé. Nous avons assez alerté sur les conditions dans lesquelles les gens recrutés auront à exercer leur « emploi », et sur le fait qu’ils seront mal rémunérés (Il suffit de se reporter à la grève menée par les employés depuis 2 jours à l’entrepôt de Boves, pour une augmentation de salaire que Bezos aux 5 000 000 € par mois n’accepte de porter qu’à 3 % = 42€/mois.)

Nous avons, le 24 mars, par notre action à la Pointe du Raz, voulu alerter une fois de plus sur cette « vente » de la région, du pays, à l’entreprise transnationale aux grandes dents par le président Macron.

Dire que les gens qui ont plusieurs fois manifesté n’étaient pas de Briec n’a pas de sens : l’affaire est pour le moins nationale, on le sait. Il conviendrait plutôt de s’alarmer du fait que la Zone Industrielle de Briec se développe dans des proportions alarmantes en termes de consommation de foncier, et d’artificialisation définitive, pour un retour/ taux d’emploi somme toute assez faible, surtout si l’on tient compte de la robotisation si commode en plein développement. Il conviendrait de s’inquiéter aussi du sort fait aux zones humides, à l’eau, si précieux trésor, à l’heure où l’on commence à dire qu’il y aura des sécheresses, et autres « stress hydriques ».

Et c’est la résignation générale qu’il faut interroger en effet. Elle est au moins le signe d’une insuffisante prise de conscience de la gravité de ce qui vient. Les rapports du GIEC le disent assez. Et signe d’une impuissance, un sentiment que la pandémie de covid a sans doute renforcé. Qu’y pouvons-nous ? Rien, disent certains.

Tout, répondons-nous : il est possible (urgent) de construire le monde autrement. Au moins il convient de faire ce que la covid avec ses confinements a rendu impossible : débattre, discuter, penser les problèmes, celui du « modèle » Amazon, de la logistique, de la qualité des emplois, et des solutions possibles, mais de le faire ensemble.

Gens de la ZAD, « briécois pur jus » et tous les autres citoyens compris.

Macron a livré notre région à Amazon

Élections : les Bretons mobilisés contre le soutien d’Emmanuel Macron à l’expansion d’Amazon à Briec, en Bretagne et ailleurs

Jeudi 24 mars 2022, Pointe du Raz – Alors que le Gouvernement a tout fait pour favoriser l’implantation d’Amazon en Bretagne depuis 2017 tout en connaissant les chiffres des destructions d’emplois et des impacts environnementaux dus au e-commerce, les habitants se mobilisent aujourd’hui. Ici en Bretagne, l’entrepôt de Briec a été construit sous le mandat d’Emmanuel Macron, les habitants se rassemblent pour montrer que leur région a été sacrifiée et pour pointer du doigt la responsabilité du Gouvernement.

En Bretagne en 2017, il n’y avait aucun entrepôt Amazon. Pourtant, aujourd’hui, alors que les impacts sociaux et environnementaux du e-commerce sont documentés en France, nous n’y avons pas échappé. Cette expansion rapide et massive s’observe partout en France : le nombre d’entrepôts Amazon a été multiplié par 11 depuis 2017 en France, passant 4 à 44 entrepôts construits aujourd’hui (1). C’est le résultat d’un mandat durant lequel Emmanuel Macron a enchaîné les politiques en faveur du développement du e-commerce, aggravant la situation de nombreuses collectivités et des travailleurs.

Les habitants bretons se sont alors mobilisés ce jeudi 24 mars ars devant la Pointe du Raz, lieu symbolique de la région, et tout près de Plogoff, lieu de résistance aussi symbolique, afin de dénoncer la politique pro e-commerce menée par l’exécutif et témoigner de ses effets sur le bassin d’emploi et l’environnement au niveau local. Ils ont déployé une banderole où était écrit « Macron a livré notre région à Amazon » et ont multiplié les prises de paroles pour détailler les conséquences du développement du e-commerce sur leur territoire : augmentation de la précarité au travail, fraude fiscale pesant sur la collectivité et les habitants, destructions d’emploi dans les commerces physiques, impacts climatiques et artificialisation des sols, augmentation de la pollution de l’air, nuisances routières et accidents ont été mentionnés.

«artificialisation des sols, destruction de biodiversité, fiscalité, destruction d’emplois de proximité, précarité d’emplois, pollution, risques routiers, » ont souvent été déplorés par notre collectif

Mercredi 23 mars, un nouveau rapport publié par les Amis de la Terre France confirmait la poursuite des destructions d’emplois dues au e-commerce observées en 2018 et révélait que 85 000 emplois ont été détruits par le développement de la vente en ligne en 11 ans en France. Le Président n’a donc pas seulement fermé les yeux sur la situation, il l’a aggravé, faisant le choix délibéré de destructions d’emplois dans le commerce.

« La présence du nom de notre Président-candidat n’est pas un hasard, alors que l’année 2021 a été marquée par de multiples opportunités pour la France de limiter le développement de la vente en ligne, l’Élysée et la majorité La République en Marche ont tout fait pour favoriser le développement d’Amazon. » rappelle Etienne Coubard, porte-parole des Amis de la Terre France. En divisant par deux les impôts locaux d’Amazon en janvier 2021, en allégeant les procédures d’implantation des entrepôts (2), puis en jouissant de leur majorité à l’Assemblée Nationale pour mettre en échec des amendements de tous les groupes politiques qui proposaient d’encadrer la vente en ligne dans la loi Climat. Si bien qu’aujourd’hui, Amazon continue d’échapper aux taxes commerciales et n’a aucune limite dans le développement de ses infrastructures, contrairement à la vente physique.

Conclusion, « depuis plusieurs années, nous, habitants, tentons d’obtenir l’abandon des projets dans notre région. Pour certains entrepôts Amazon construits, nous avons déjà perdu et nous en subissons les conséquences aujourd’hui. Nous avons mené notre combat dans les tribunaux, dans la rue et auprès des parlementaires pour que notre message soit entendu jusqu’à l’Assemblée Nationale et nous continuerons de le faire. Alors qu’Emmanuel Macron a déjà annoncé dans son programme qu’il s’opposerait à tout encadrement de la vente en ligne; le combat se jouera en partie dans les urnes. »

Cette mobilisation s’ajoute à une série de mobilisations qui ont lieu dans sept régions en France les 24 et 25 mars, avec le même mot d’ordre.

(1)  Avant 2017 – 4: Montélimar, Sevrey, Saran, Lauwin-Planque 1 ; Entre 2017 et aujourd’hui – 44: Saint-Priest, Satolas-et-Bonce, Lyon, Annecy/ Seynod, Fontaine 1, Gidy, Artenay, Ormes, Strasbourg, Augny, Woippy, Lauwin-Planque 2, Boves, Sainghin-en-Mélantois, Senlis, Avion (proche Lens), Gauchy, Bonneuil-sur-Marne, Le Blanc-Mesnil, Paris 18è, Châtres-en-Brie, Moissy Cramayel, Villiers-Sur-Marne, Vélizy-Villacoublay,  Osny, Survilliers, Gennevilliers, Brétigny-sur-Orge, Noisy-Le-Grand, Beauchamp 1, Saint-Etienne-du-Rouvray, Moult, Morlàas, Toulouse 1 et 2, Frontignan,  Carquefou, Bouc-Bel-Air , Nice, Carros, ; En cours et en prospection – 14 : Lyon St-Exupéry, Fontaine 2, Longvic, Briec, Calais, Brebières, Beauchamp 2 et 3, Saint-Quentin, Rouen, Perpignan, Orange (en prospection), Pays-de-la-Loire (en prospection), Montpellier (en prospection).

(2) Loi d’accélération et de simplification de l’action publique

Revue de presse

Politico.eu: French grassroots Amazon resistance targets Macron

In the 5 years since the French president’s election, the US tech giant’s fast development has met with both open arms and fierce opposition.

Ouest France: « Macron a livré notre région à Amazon » : à la pointe du Raz, ils se mobilisent

Le Télégramme: Une banderole anti-Amazon déployée à la Pointe du Raz à Plogoff Réservé aux abonnés

Le chantier d’Amazon à Briec bloqué : non à la colonisation de notre monde

En ce vendredi 5 novembre 2021 nous avons fermé le chantier Colas du géant du numérique Amazon, colonisateur de terres et d’espaces économiques, à Briec, à Moult en Normandie comme ailleurs.

Les travaux ont commencé et la lutte contre Amazon et son monde passe à l’action, pour que les projets de l’un des plus grands empires du monde soit arrêté ici en Finistère comme elle a arrêtée en Loire-Atlantique.

Depuis ce matin 7h le chantier Colas pour Amazon est bloqué pour demander :

  1. l’arrêt des travaux et
  2. un référendum départemental

permettant un véritable débat démocratique éclairé sur un projet qui vise à transformer durablement nos modes de vie, qui hypothèque nos avenirs, et qui va à l’encontre de la déclaration d’urgence climatique pour le Département adoptée Conseil Départemental récemment.

Vous pouvez venir sur place à tout moment pour un reportage et des photos (et le plus tôt possible sera le mieux car la politique actuelle de « maintien de l’ordre » nous fait dire que nous serons peut-être bientôt cernés).

Revue de presse

France 3 Bretagne : Finistère. Le chantier du futur site Amazon de Briec bloqué par des militants écologistes

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